Interview sur Kairn.com

Ta date de naissance :
18/07/87

Tes meilleures perfs en falaise/bloc :
-falaise : Il n’y a pas d’arrangement 8a à vue à Peillon
A bout de souffle 8b au 3ième essai à Peillon
-Bloc : le mur des lamentations 7b+ Franchard isatis Bleau

Tes meilleures perfs en compétition :
-1ère au championnat du monde jeune en 2002
-3 fois de suite vice championne d’Europe jeune
-4ième à une manche de la coupe du monde de difficulté
-2 podiums en coupe du monde de bloc
-8ième au championnat du monde de bloc

-Salut Chloé, que peux-tu nous dire sur toi en quelques mots.
Je suis une Belge expatriée en France. Ca va faire exactement 1 an et 8 mois que j’habite Fontaine près Grenoble, et c’est plutôt pas mal pour grimper et faire de la montagne ! J’ai le Be d’escalade et j’aimerais bien passer le Be de guide ! Et à long terme entrer dans les secours en montagne, une fois que j’aurai chopé la nationalité française, ce qui ne va pas être facile …

-L’esprit montagne, c’est un peu de famille il me semble ?
Heu pas vraiment, mes parents ne sont pas des grimpeurs et des montagnards à la base mais quand on était petits ils nous emmenaient souvent faire des randos en montagne.
Ma sœur, Alix, a commencé bien avant moi l’alpinisme, mais on a commencé plus ou moins ensemble l’escalade. C’est grâce à elle que j’ai débuté ces 2 activités.

-Tu pratiques l’escalade en bloc, en difficulté, et tu fais également de l’alpinisme et du dry tooling. Pourquoi cette polyvalence ?
He bien, je ne sais pas exactement, je pense que c’est par goût de la découverte de nouvelles activités, j’aime bien bouger et changer d’endroits et de plaisirs. Et puisque l’escalade, le dry et la montagne sont bien différents dans les styles, j’adore ça ! D’ailleurs, j’aimerais bien aussi essayer la chute libre et le base jump ! D’ailleurs, si quelqu’un en fait et veut bien m’y emmener, ce serait cool…

-Néanmoins, as-tu une discipline de prédilection ?
Oui, c’est la montagne qui me botte le plus. Même si j’adore l’escalade et les compétitions pour me surpasser, l’alpi, c’est un autre monde ! C’est une joie plus profonde, un dépassement de soi-même, une complicité particulière avec la nature et mon binôme.

-Que peux-tu nous dire sur tes entraînements, comment les abordes-tu pour être polyvalente ?
Et bien ce n’est pas compliqué, j’inclus dans mes plannings des jours de repos et des jours de conditionnement physique et c’est à ces moments-là que je vais en montagne. Et pour le dry, c’est l’hiver que j’en fais et puisque c’est bien avant la saison de bloc ça ne pose pas de problème, j’en profite pour faire du volume.

-Tu as fais quelques trips en falaise à l’étranger, dont l’Inde récemment, as-tu d’autres projets comme celui-ci à venir ?
Oui, je compte aller à Majorque début septembre et à la fin de l’année peut être au Canada avec la team Jef Mercier pour faire de la glace et du mixte. L’année prochaine, j’ai bien envie d’aller aux USA faire des Big Wall, de jolies parois pleines de fissures…

– Que recherches-tu lorsque tu pars faire des trips à l’étranger ? Quelles sont tes critères de choix ?
Je ne recherche rien de particulier si ce n’est d’être avec des bons potes, de m’amuser.et de vivre des moments inoubliables en partageant une passion semblable. Ce que j’aime aussi dans les trips c’est la recherche de nouvelles expériences, de partages humains, de découvrir de nouvelles cultures, des nouveaux lieux magiques. Bref la recherche de l’inédit et de l’inconnu, j’adore !

-Tu commences à avoir une bonne expérience en matière de spot de grimpe… lequel conseillerais-tu aux internautes qui souhaiterais s’évader cet été ?
Je ne trouve pas que j’ai une très grosse expérience dans ce domaine surtout en France avec tous les supers spots qu’il y a je ne peux pas tous les connaître ! Mais en bloc je conseillerais Annot et Bleau qui sont deux styles tout à fait différents mais qui sont aussi bien l’un que l’autre, et en voie Ceüse.

-Parlons un peu compétition…, tu termines 11e de la coupe du monde de bloc en Suisse cette année, que penses-tu de ton résultat ? Comment s’est déroulée cette compétition pour toi?
Je pense que c’est bien d’autant plus qu’il y a de plus en plus de monde sur le circuit et que l’écart entre les grimpeuses se ressert de plus en plus. C’est donc très difficile de rentrer en finale, ça se joue souvent à pas grand-chose. Tu peux être une fois sur le podium ou entrer en finale et une autre fois dans les derniers de la demi ! A cela se rajoute que je me suis déchirée partiellement une poulie à la première manche et que je devais lever le pied ou plutôt la main !

-Quels sont tes objectifs pour cette saison de compétition ?
Rester dans le top 10 et faire au moins une finale en coupe du monde. Au championnat d’Europe à Bercy, bien me classer au combiné (diff, bloc et vitesse)

-As-tu des projets à plus long terme ?
Oui, j’aimerais bien rentrer dans le PGHM, être ouvreuse internationale et pouvoir ouvrir des coupes du monde de bloc.

– Si tu devais revenir sur ta saison d’escalade et de dry tooling la saison dernière, qu’aurais-tu à dire ?
Que ce n’est pas facile d’être toujours dans le top !lol Non, sans blague, je ne suis pas mal contente de mes résultats de l’année dernière, j’ai fait mes premiers podiums en coupe du monde, ça m’a permis de prendre confiance en moi, et de savoir que j’en étais capable !
Pour le dry, c’était ma 1ere saison, ça m’a permis d’attraper de l’expérience dans cette discipline et de comprendre le fonctionnement de ces compets. Je pourrai m’entrainer d’une meilleure façon pour l’année prochaine.

-As-tu une approche différente de l’environnement en fonction de la discipline pratiquée?
Bin, disons que je ne vais pas partir dans le même état d’esprit si je vais en montagne ou grimper en falaise ou faire du dry ! Quand je pars en montagne faire une course ça se prépare (météo, topo, conditions, etc.), alors que pour aller en falaise ou faire du dry je peux y aller comme ça à l’instant même si je veux !

-Connais-tu la climbing attitude ? Qu’en penses-tu ?
Oui, j’en ai un peu entendu parler et j’ai vu des stands sur des compets, je pense que c’est très bien d’avoir mis cela en place ! C’est bien pour essayer de sensibiliser les grimpeurs face au milieu naturel qui les entoure.

-Côté dry tooling, que penses-tu de l’évolution actuelle de cette discipline ? Comment aimerais tu qu’elle évolue à l’avenir ?
Je pense que c’est dommage, il y a de moins en moins de compétitions au fur et à mesure des années, cette saison, il n’y en a eu que 3 alors qu’avant, je pense que c’était le double.

-Cette pratique reste encore très marginale, pourquoi selon toi ?
Parce que je pense c’est peu connu et que les grimpeurs ne veulent pas ou n’ont pas encore eu le temps d’apprendre à apprécier cette discipline. Pour certains, ceux qui font du dry, ce sont les vilains petits canards de l’escalade car ils ne comprennent pas pourquoi on grimperait avec des piolets et crampons sur du caillou alors que nous avons nos mains et nos pieds comme outils !

-Apparemment les éperons seront bannis l’année prochaine aux coupes du monde de glace, satisfaction ou déception ? (et pourquoi ?)
Très satisfaite, parce que je pense que ça va bien changer le style de grimpe, ce sera bien plus physique que maintenant et ça va moins jouer sur la vitesse ! Les voies n’étaient pas bien dures généralement mais on avait peu de temps pour les enchainer.

-Gardes-tu un souvenir plus marquant que les autres en montagne ?
Oui, lorsque j’ai fait une de mes 1ères course en montagne, le Mont Blanc par les 3 monts avec ma sœurette et Cédric Lachat.

-Et en compétition d’escalade ?
Oui, lors du championnat du monde, lorsque je voyais tout le monde tomber en dessous de moi et que j’ai appris que je montais sur la 1ère marche du podium, ça a été un grand moment avec mon entraineur et toute ma famille.

-As-tu une idole, ou une personne que tu prends en exemple dans tes pratiques sportives ?
Non, je n’ai pas d’idole, je pratique l’escalade et la montagne comme ça, par pur plaisir, sans prendre exemple sur quelqu’un, j’y vais comme bon me semble.

-Est-ce difficile d’être une femme dans ce milieu de montagne ?
Oui un peu, parce que je suis une femme on ne me regarde pas comme tout le monde. Certains vont penser que je n’en suis pas capable alors que d’autres vont, au contraire, être impressionnés ! J’aimerais bien qu’on me traite comme si j’étais un mec… Par contre une chose qui est bien, c’est que c’est très facile de trouver des partenaires pour aller en montagne !

-Quelles différences peux tu décerner parmi toutes les disciplines que tu pratiques (ambiance, etc… ?)
He bien entre la montagne, l’escalade et le dry, il y a une grande différence d’ambiance.
Il y a des choses qu’on vit en montagne qu’on ne pourrait pas vivre en escalade, déjà partir en montagne, c’est toute une aventure, on partage des émotions intenses avec son coéquipier, on fait généralement un effort particulièrement éprouvant, il y a la gestion de l’environnement, la prise de décision, la gestion du temps, toutes ces petites choses font que lorsqu’on sort d’une course, on est comme un guerrier qui a gagné une nouvelle bataille.

-Que fais-tu en dehors de ces activités ?
Pas grand-chose d’autre, puisque je suis souvent partie avec les compets, la montagne et les trips, je ne suis pas souvent chez moi…Je fais des formations par-ci par là quand j’ai le temps.

-Comment t’imagines-tu dans 10 ans ?
1ère guide Belge, travaillant au PGHM !
J’espère être de retour en force après un moment d’absence sur le circuit international de bloc et pourquoi pas un gosse, qui sait ?!
Et pourquoi pas, plus tard ouvrir des compétitions internationales une fois que je serai une loque sur le circuit…

-Tu veux peut-être adresser des remerciements particuliers… ?
Oui, tout premièrement à mes parents qui me soutiennent depuis le début et qui m’ont toujours aidé dans mes projets ! Ensuite à mes sponsors : Millet, Black Diamond, Compex, le Ministère de la Communauté Française, le CAB.