D’Antoine

La force des mots. L’image, le choc, à chaud, à vif, le drame dans ma tête, dans mon coeur. A temps, avant que tout cela me glace le sang, la famille de Chloé, au-delà de leur propre chagrin, m’a pris sous son aile en trouvant les mots justes pour me préserver d’un trop grand chagrin. Des mots qui à eux seuls, remanient cette structure intérieure qu’est l’âme, transforme ce poids épineux et corrosif en quelque chose de beau, voire même presque doux. Générosité d’âme et de coeur poussée par l’amour d’une fille, d’une soeur disparue.

Tout cela m’amène à penser que de tout ce qui émanait dans sa passion pour la vie, vous avez été et êtes encore les premiers à vous en être imprégnés. Car Chloé portait une énergie débordante en elle et la communiquait entièrement.

Ces derniers temps, j’ai eu la chance de recevoir un peu de son énergie sans fin, là-haut, en haute montagne. Une envie, une volonté pure et authentique d’aller au bout d’un rêve. Nous avons échangé. Je me rends compte que le partage d’une passion n’est pas quelque chose d’anodin. Enthousiasme réciproque dès lors qu’un objectif commun se concrétise. Ce bonheur simple de partir en montagne avec la perspective d’un bivouac qui nous imprègne encore davantage dans cet univers haut-alpin qui nous fait tant rêver.

La cordée, lien sacré qui révèle une dépendance mutuelle et implique une confiance totale envers son compagnon. Avec Chloé, nous parlions peu, nous agissions. Pas besoin de mot pour communiquer ce bonheur partagé d’être en montagne. La cordée qui déroule, comme du papier à musique. Il lui arrivait parfois de fredonner un petit air joyeux au départ du relais. C’était amusant de l’entendre (la légèreté, la douceur féminine) et ensuite de la regarder grimper, un style radical et sur-efficace. Pas de faiblesse, ,pas de plainte, l’incarnation du courage, cette manière qu’elle avait de serrer les dents avant d’engager un mouvement délicat. Toute tentative de galanterie aurait été mal venu, je pense…

Ce contraste entre la féminité et cette montagne si sévère. Ce lien de cordée brisé en un éclair. Cette prise qui cède sous ses mains, cette prise qui cède sous mes yeux. Cette chute, cette gravité qui vous entraîne irrémédiablement vers le bas, vers le vide… Je la vois disparaître. De la cordée, je reste là, suel, sur ma vire. J’y crois pas, j’espère intensément, étonnamment, je prie même. Seul… sentiment nouveau…

L’oiseau rare s’est envolé sous mes yeux. Tu es partie, Chloé, mais tu laisses quelque chose de fort derrière toi. Ta famille m’en a donné la preuve, les gens de ton entourage proche, même des inconnus sur ton site internet. Ton visage voulait tout dire.

Merci, merci du fond du coeur, Chloé. Tu m’as fait vivre un rêce, tu m’en as dévoilé quelques uns que nous avons tenté et/ou que nous aurions tenté de réaliser. Allons au bout de nos rêves, c’est ce que je retiens de cette expérience courte mais intense avec toi.

Je te porterai en montagne.

2 réponses sur “D’Antoine”

  1. C’était ma plus grande hantise, chutes de pierres.
    Ici le fait d’être encordés ou pas , sa ne se pose pas c’est la fatalité.
    Déja , la chutes de pierres peut être mortel et puis le choc contre la paroi.
    Tout ses deux faits, je ne vois pas ce qui peut rester.
    Je souhaite bon courage a ces connaissances et ses parents.
    John, de Grace-Hollogne

  2. Je l’ai peut-être croisée, je n’ai pas eu la chance de la connaître…je me rappelle cette phrase de Jean-Louis Trintignant à l’enterrement de sa fille: quelques mots d’un ami… »Ne pleurez pas trop celle qui est partie, réjouissez-vous plutôt d’avoir eu la chance de l’avoir connu… »
    Elle a eu une vie intense, épanouie et nous laisse de belles images…courage…

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