Un peu de montagne ne fait pas de mal !

 Ma saison de coupe du monde de bloc est terminée. Mes quelques heures de boulot en tant que BE sont enchaînées  depuis une semaine. Champ libre donc pour aller en montagne presque tout le mois d’août ! Première envie, le côté italien du Mont Blanc.

Un peu plus de 5h de marche et 2200m de déniv nous attendent, Antoine et moi même, pour monter au bivouac d’Eccles. Deux cabanes sont perchées au beau milieu des rochers avec comme vue la Noire de Peuterey et notre objectif, le pilier rouge du brouillard !

Moi je l’appelle « le grand capucin italien » car c’est super comparable, de même hauteur, 400m et du beau granit bien compact ! On a choisi « les anneaux magiques« , superbe voie de Michel Piola. Dans les 100 derniers mètres on rejoint la Gabarrou pour monter au sommet. On a eu du grand ciel bleu, bien chaud, tout seul dans la voie, de belles longueurs , le top !

Le lendemain, objectif prévu, l’arête Innominata qui rejoint le Mont-blanc. Le soir,on a la chance d’être les seuls au bivouac alors que la nuit passée, on était quinze bien serrés comme des sardines dans ces toutes petites cabanes. Déconseillé aux claustrophobes ! On profite, on se met à l’aise, on mange comme des gorets.

Réveil 3h, on sort la tête dehors, nuages, on voit pas à 5m ! Mince alors, il était prévu grand beau ?! On remet le réveil une heure plus tard, mais toujours pareil ! On décide de ne pas tenter de se perdre là haut. Mais on aurait dû car le matin, on se lève et c’est grand beau.. Dommage, on s’est touché, ce sera pour la prochaine..

Arrivée chez moi, je regarde la météo annoncée, pas terrible, rien de beau pour un moment ! Deux jours après, il y aurait peut être un créneau d’un jour dans les écrins. Avec Estelle, on avait fort envie d’aller faire Mitchka, la voie ouverte par Christophe Moulin en face sud de la Meije. Alors on fonce sans être sûres qu’avec la météo ça allait passer.

Le soir au refuge du promontoire, le gardien nous dit, après avoir écouté la météo, qu’on allait avoir des conditions météo hivernales, que ça n’allait pas être facile. Mais bon on fera avec ! Mais le lendemain, on est surpris, il ne fait pas si froid, un peu froid aux pieds dans les chaussons mais c’est normal.

Il est 6h, ça y est, on a trouvé l’attaque. On s’engage dans ce long voyage de 800m de haut. Jusqu’au dossier du fauteuil la voie déroule bien. A partir de là, ça commence à devenir plus raide. Vu mon niveau de grimpe, pour aller plus vite, il avait été décidé que j’aille en tête.

On passe le premier 7a, qui est d’ailleurs superbe avec une fissure et un pas de dalle vers la fin. Après une bonne heure de montée et de désescalade pour trouver par où passait la suite, ça y est je trouve un spit, c’est bien par là.

Après 10m je me trouve sur du rocher trempé, tout verglacé. J’arrive tant bien que mal à passer, je cherche partout mais pas de relais ! On se retrouve sous des toits trempés et ça parpine, on doit être juste sous le glacier carré. Faut vite qu’on se barre de là !

J’arrive à rejoindre la voie en passant dans un pauvre truc pourri et exposé. Je manque de tomber en arrachant un gros bloc ! C’est bon je suis au relais et  on est de nouveau dans la voie, ouf ! Par contre, Estelle me fait savoir qu’on a tonché la corde en faisant tomber un bloc un peu plus tôt.

On arrive vers 13h au glacier carré, fin chaud pour attaquer la dernière partie, la plus jolie et la plus soutenue, avec 5 longueurs dans le 6c/7a. J’ai été étonnée de voir que la voie était si bien équipée, je pensais qu’il y aurait moins de spits. Ils sont toujours bien placés, à chaque passage dur. A 16h, on arrive au sommet des difficultés après avoir passé 10 heures dans la voie.. Et voilà, là, c’est dans la poche,  » Mitchka » en libre. Estelle et moi-même avons sorti la voie ce vendredi 13 août.

La descente a été plus dure que la montée.. Vu que notre corde était tonchée, passage de nœud à chaque rappel et perte de temps. Mais nous sommes arrivées au refuge juste avant la nuit, avec un petit verre de rhum et au dodo !

Dans cette difficulté et cette longueur, peu de voies égalent cette beauté et ce niveau soutenu. C’est une voie majeure à faire absolument dans les Ecrins. Estelle et moi avons apprécié de grimper cette voie. Prenez vos chaussons et n’hésitez pas à y aller, en plus les gardiens sont super sympas.

Les yos, c’est fini … à vous maintenant !

Ca faisait longtemps que cette vallée incontournable des bigs walls me faisait rêver, en regardant de temps en temps des vidéos ou des photos sur le net… maintenant j’y rêverai en regardant les photos que j’ai ramenées !

Physiquement, on était prêt, on était allé faire des fissures pour se préparer un peu à Chamonix, au grand cap et au Val d’Orco, mais ici, ça n’a rien à voir avec toutes les fissures qu’on a pu faire là-bas.

Les cheminées, les offwiths, et les fissures en tout genre, c’est encore un style d’escalade que je n’avais jamais expérimenté ! Je sais même pas si je dirais que c’est de la grimpe …

Même mentalement, on était prêt à se faire « rouster », toutes les personnes que je connais qui y sont allées, me disaient « tu verras, c’est bien dur là-bas, les cotations , c’est du n’importe quoi, tu forces tout le temps même dans du 5, il n’y a pas de pied, c’est tout lisse ! Et en effet, c’est bien ça. Cotations selon le topo, pas très dur, mais là-bas les 6a et 6b, c’est autre chose que chez nous !

Ah, ces fissures, ce fut une vraie leçon d’escalade pour moi… et puis il y a les voies classiques du coin comme « separate reality« , « astroman », « rostrum », …

Une belle expérience qu’on n’est pas prêt d’oublier, n’est-ce pas Cédric ?

D’ailleurs, ça m’a bien donné envie d’aller faire d’autres big walls dans d’autres endroits, comme au Canada ou en Patagonie …

Avis, à ceux qui sont motivés, je suis carrément partante.

Voici quelques infos pratiques :

  • Comment s’y rendre : De San Francisco, 4 heures de route pour aller au Yosemite valley et pour Bishop 3 heures en plus. Dans l’avion, vous avez droit à 2 fois 23kg de bagages par personne. C’est juste si vous voulez prendre le crash et le portaledge, mais ça se fait .
  • Le coût : billet d’avion Paris – San Francisco : 400 euros environ. Location de la voiture pour 3 semaines : 400 euros .
  • Hébergement : Plusieurs campings dans la vallée mais le mieux c’est « Camp 4 », c’est le camping des grimpeurs, tout le monde va là et c’est moins cher : 5$. Sinon les autres, ça tourne entre 15 et 20$. Par contre à Camp 4, le premier arrivé est le premier servi. En général, il y a déjà la queue qui se forme à 6h30 du mat, et vers 8h30, c’est déjà blindé de monde ! Donc arrivez tôt si vous voulez avoir une place… Par contre en pleine saison ( du 15 juin au 15 septembre) , on a le droit de rester qu’une seule semaine au Camp 4.
  • 0ù se doucher : il n’y a pas de douche au Camp4 , mais on peut se doucher à Curry Village (au fond du parking dans la première baraque) ou à Housekeeping dans le camping.
  • Internet : Si vous avez un ordi se rendre à Curry Village, en face de la pizzeria où se trouve un espace gratuit wifi. Plus confortable à « the Ahwahnee hotel » , installez-vous dasn le hall sur les canapés comme si de rien n’était.
  • Les machines à laver : A Housekeeping, 4$ le lavage et le séchage
  • Conseils : Ne jamais laisser de nourriture dans les bagnoles si vous ne voulez pas retrouver votre portière défoncée par un ours ! Les rangers font des tours tous les soirs. Evitez de dormir dans les voitures si vous ne voulez pas être réveillés en pleine nuit et être escortés en dehors du parc. Méfiez-vous aussi des écureuils. Ils ont l’air super mignon … mais ils bouffent littéralement les sacs à la recherche de nourriture. J’ai ramené un sac tout déchiqueté…
  • Les voies mythiques à faire : The Nose, Freerider, Golden gate, El Nino, Astroman (400 m en 5.11d), Rostrum (300 en 5.11c), Separate Reality (5.12b)
  • Le matos à prendre : le portaledge (vraiment confort, les vires ne sont pas supers donc c’est vraiment le top de l’avoir surtout s’il y a beaucoup de monde dans les voies), un crashpad si vous voulez faire du bloc à Camp4, il n’y en a pas là-bas. Par contre si vous allez à Bishop, vous pouvez en louer un pour 10$.
  • 2 jeux de friends (deux N°6 utiles dans certaines voies)
  • 2 camelbags (pratique pour boire quand les bouteilles d’eau sont au fond du haulbag)
  • une corde simple de 60m
  • une dynema de 60m (bien pour les pendules) pour le hissage de sacs

Maintenant à vous…

Des fissures, des fissures et encore …des fissures

Nous avions comme objectif d’essayer d’enchaîner en libre « Freerider », 900 mètres d’altitude dont 1200m d’escalade. Cette voie est en fait « Salathé Wall » avec une variante de 4 longueurs, dont le fameux « offwith » sous El Cap spire et 3 longueurs qui évitent le Headwall. Après 3 jours dans la face, objectif bien atteint pour Cédric qui enchaîne tout à vue, hélas pour moi, deux longueurs m’ont résisté ! Trop de fatigue accumulée sur le dernier jour fit que mes bras n’ont plus pu suivre. Mais bon, je suis quand même très contente, avec le peu d’expérience qu’on avait de ce type de grimpe, et sans préparation au préalable, c’est super cool !

Pour moi, le plus difficile dans cette voie n’a pas vraiment été les longueurs les plus dures ! C’est plutôt les « offwith », les fissures larges et les cheminées où il faut faire du ramping, coincer les genoux, les coudes, le dos et où tout le corps est en tension tout le temps. Ca, c’est dur et très désagréable, surtout quand il y a le friends numéro 6 qui se trouve 10 mètres sous toi … un type d’escalade dont on n’a pas l’habitude.

Et puis dans ces fissures, t’as l’impression de ne jamais souffler, faut toujours réfléchir et c’est toujours très physique.. Il y a toujours des mauvais pieds et des plats fuyants (vu la chaleur) dans les mains !

Une belle expérience qu’on n’est pas prêt d’oublier , n’est-ce pas Cédric ?! Maintenant, il nous reste une petite semaine pour aller faire du bloc à Camp 4 et quelques classiques comme « separete reality », « astroman » ou encore »rostrum »

Quelques photos pour vous donner envie …