Disparition d’une fée en montagne

J’ai rencontré Chloé à la suite d’un message sur le net “Cherche des gens pour grimper en salle sur Grenoble pour préparer le probatoire du BE escalade”. Ca tombait bien moi aussi, le rendez-vous fut pris et la séance faite. Elle m’a tout de suite impressionné et marqué, si mignonne avec ses doutes malgré son 7c à vue et une liste de courses exemplaires…
Elle se régala aux UF : apprendre à transmettre sa passion, le rêve ! Elle marqua les esprits par son sourire, sa facilité, sa simplicité. “L’âme de notre UF2” disaient les copains. Et pour finir une excellente note de pédagogie à l’examen final.
La suite fut pour moi un rêve, j’avais trouvé la compagne de cordée idéale. Nous attaquâmes ensemble la liste de courses pour devenir aspirant guide. Dur pour le moral de voir une si jolie fille toujours devant avec le sourire alors que je n’en pouvais plus. Infatigable, en parallèle, elle cartonnait tout et commençait à se faire un nom en compétition internationale de bloc.
Notre travail au bureau des guides de Savoie Maurienne a accentué notre complicité. Humble vis-à-vis de nous et de ses clients, elle ne dévoilait jamais ses résultats en compétition. Elle venait souvent grimper avec nous le soir, nous apportant grâce à sa motivation et sa bonne humeur la force qui nous manquait après une journée de canyon. En sortant de ceux-ci, les clients lui demandaient souvent quel sport elle pratiquait pour être aussi musclée. Elle répondait avec son drôle d’accent belge : “escalat”. C’était émerveillement et fierté quand notre président apprenait aux jeunes de banlieues défavorisées que leur monitrice était 1ière au classement général de la coupe du monde.
L’année 2010 fut l’année de tous les exploits. Indestructible, elle était capable de gagner une coupe du monde de glace en Italie le we, skier toute la journée du lundi à Serre Chevalier et tomber au dernier mouvement d’un 8B flash le soir…Malgré le temps passé en montagne, elle finit 3ième au classement général de la coupe du monde de bloc avec 2 victoires !
Nous allons tous regretter cette monitrice d’escalade hors norme dont je ne peux pas vous conter toute la vie tellement elle la menait à fond. Elle a disparu, en vivant sa passion, un 21 août 2010 en descendant la Noire de Peuterey. La montagne a subitement repris la vie merveilleuse qu’elle donnait à Chloé. Au revoir, la fée Clochette, à 23 ans tu laisses une belle empreinte dans le monde de l’escalade grâce à tes qualités physiques, mentales et ton sourire charmeur…
Bonne grimpe et merci d’avoir embelli nos vies de grimpeurs.
François

D’Ophélie

Chloé,

Les mots ont été si durs à trouver, car il fallait parler de toi au passé ! Tu étais ma meilleure amie, comme une soeur depuis quelques années. Toujours là pour moi, même si des fois tu me disais “arrête de travailler tout le temps !! on ne peut jamais se voir” alors dès qu’on le pouvait , on se rejoignait, partageant nos vies, nos amours, nos familles…

Dynamique, déterminée, passionnée, et tant d’autres mots peuvent te résumer. On adorait faire les folles, nous donner des surnoms, avoir des fous rires… et aujourd’hui je dois simplement fermer les yeux pour te voir comme avant. On se souviendra de toi comme une personne donnant la joie de vivre autour d’elle, toujours partante pour partir. C’est grâce à l’escalade qu’on s’est connues, et qu’on a su créer une belle amitié à distance avec des souvenirs mémorables comme la dernière fois où tu m’as dit “T’as intérêt de venir au TAB, on a mon anniversaire à fêter “. Et on l’a fêté !!! avec tes expressions belges qui te revenaient des fois dans tes paroles. Qu’est ce qu’on a pu rire !!!

Aujourd’hui tu es partie, laissant une famille formidable et une soeur comme Lilix qui te ressemble tellement. On m’a souvent dit ou écrit ces derniers temps “Ne pleure pas celle que tu as perdue, au contraire, réjouis toi de l’avoir connue” . Cette phrase est tellement vraie , mais si injuste car je pleure une de mes meilleures amies.

Le temps adoucit la douleur, je l’espère.

Ta ptite ch’ti adorée, ta majesté, ta poulette Ophélie

De Charlotte

C’est dans la rivalité de jeu que tu m’as opposé ta passion, motivée, tenace, créative, et finalement

enjouée, partagée. J’ai aimé cette compétitrice-là.C’est aussi flirtant avec la multiplicité des pratiques et distinguant l’escalade féminine par cette boulimie des possibles, que tu m’inspires la complicité et le respect que je t’adresse. Tu es une idéaliste rare. Tu laisses une empreinte qui nous construit toutes.

Parce que tu dessinais les contours d’une escalade épanouissante et son histoire au féminin, je te

veux maintenant existante en un spot enchanteur fait de tes plus beaux souvenirs. Défriche-nous des parcours et des lignes aux couleurs et senteurs de ta mesure. Je ne peux t’imaginer autrement que sereine, t’apaisant à décrypter le caillou, même le plus simple. Je t’embrasse

Charlotte